Charles Vancaeyzeele

Sujet de thèse (en cours) : Le mot polysynthétique : une étude de cas en iroquois

Cadre de l’étude

L’objectif de cette thèse est d’étudier la notion de « mot » au sein des langues iroquoises. Nous y
incluons d’une part les langues appartenant à la branche nord (tuscarora, seneca, oneida, onondaga,
cayuga et mohawk) et d’autre part l’unique représentante à ce jour de la branche sud (cherokee). Le
« mot » est une entité complexe et aux frontières floues en linguistique théorique, en ce que i) les
définitions varient d’un auteur à l’autre ainsi que d’une langue à l’autre et ii) le rôle qu’elle joue dans
le processus de computation linguistique n’est pas toujours facile à déterminer (d’où le bras de fer
vieux de plusieurs décennies entre les approches lexicalistes et non-lexicalistes de leur formation).
Afin d’aborder ce problème en particulier avec les langues iroquoises, dites polysynthétiques (i.e.
elles sont susceptibles d’agencer un grand nombre de morphèmes entre eux au sein d’un seul mot), il
convient de revenir sur certaines notions parfois préétablies en linguistique théorique, à savoir le
« mot », la « polysynthèse » et le « morphème » (mais dans une moindre mesure par rapport aux
deux premiers). Pour ce faire nous nous intéressons dans le cadre de la Morphologie Distribuée
(DM) à la notion de « domaine » d’activité des modules linguistiques ; ceux qui nous concernent (la
phonologie et la morphosyntaxe) sont étudiés d’après les interactions qu’ils pourraient manifester au
sein de la phrase iroquoise. Plus concrètement, l’isomorphisme (ou l’absence d’isomorphisme) entre
différents domaines phonologiques (e.g. assignation de l’accent ou harmonie vocalique à l’intérieur
d’une séquence donnée de morphèmes) et morphosyntaxiques (e.g. ordre fixe et non-interruptible
entre racines, affixes et noms incorporés) pourraient nous révéler (ou non) la présence d’entités,
potentiellement applicables à une notion proche de celle de « mot ».